Attendue depuis 1976, l’arlésienne ou la voiture algérienne nommée “désir”, sillonnera dès 2011 nos routes et autoroutes, sous… le losange du constructeur français Renault. L’Algérie va enfin disposer de sa première chaîne de montage de véhicules de tourisme ; 50 000 véhicules particuliers, entre la Logan, la Sandero et la Symbol, sortiront annuellement du site de la SNVI à Rouïba, symbole d’une industrie “industrialisante”.
Que ça tousse entre Paris et Alger, n’a pas empêché la poursuite des négociations et la conclusion d’un accord de partenariat entre le deuxième constructeur français, Renault, et la SNVI, (Société nationale de véhicules industriels), pour la création de la première usine algérienne d’assemblage de véhicules légers. C’est le quotidien français, Le Monde qui a rapporté l’information, rappelant pour la circonstance, que si la coopération bilatérale franco-algérienne a connu, bien des vicissitudes, c’est en pleine “ tourmente politique” entre l’Algérie et la France, a propos de questions d’intérêt commun, que “le business to business” demeure au beau fixe. Pour rappel, en choisissant le Maroc pour l’implantation de sa première usine africaine, le groupe français s'était attiré les critiques du gouvernement algérien. Or, aujourd’hui, le choix de Renault d’investir en Algérie ne peut être interprété comme un “geste politique” de la Partie française, à l’égard de l’Algérie qui n’a de cesse, appelé les industriels étrangers de l’automobile, à s’y installer. Le partenariat entre Renault et la SNVI, est un acte exclusivement économique. Jugeons-en. En 2009, le concessionnaire Renault-Algérie a vendu 56 000 unités, dont 39 000 sous la marque Renault et 17 000 sous Dacia, sa filiale, se classant ainsi et pour la seconde année consécutive, premier distributeur de véhicules en Algérie. Malgré ce bon résultat, depuis les dernières mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009, (suppression du crédit-auto, instauration d’une nouvelle taxe sur les véhicules neufs…), le français Renault a compris que se cantonner dans la commercialisation de sa gamme de véhicules, ne lui garantirai indéfiniment le maintien de sa confortable position de leader sur le marché algérien de l’automobile. D’ailleurs, même auprès des autres concessionnaires installés, la nouvelle donne n’est plus le chiffre des ventes et les gains immédiats ; il est désormais question de montage et d'assemblage de véhicules en Algérie, solution incontournable afin de préserver ses parts de marché. Visiblement, beaucoup de concessionnaires souhaitent établir des partenariats dans le montage de véhicules ; un nouveau souffle pour la PME algérienne et à la clef, la création de milliers d'emplois. C’est tant mieux.
La naissance d’une véritable industrie structurante
Entres autres retombées économiques, l’installation de Renault en Algérie va réduire dans de larges proportions, la facture des importations de voitures ; le pic des 3 milliards de dollars, a été atteint en 2007. Par ces chiffres, l'Algérie est classée seconde dans le non moins grand marché automobile du Continent, après l'Afrique du Sud. Pour autant, le choix de Renault n’est pas fortuit dans une Algérie qui s’ouvre sur une économie en plein essor, où l'activité des transports connait une explosion formidable. Par ailleurs, en s’alliant avec la SNVI, le constructeur français est assuré de disposer d’une main d’œuvre qualifiée et d’autre part, des facilités d’établir et d’encadrer une chaine d’équipementiers locaux, pour les besoins du montage de véhicules. De fait, la première usine de montage de véhicules légers, ouvre à l’Algérie de larges opportunités de remailler son tissu industriel, à travers l’organisation d’un vaste réseau de PME-PME, chacune activant dans une branche préalablement définie et codifiée. C’est autant reconnaître que l’atteinte d’un tel objectif en si peu de temps, n’est pas en soit, une sinécure. Quoique réunir et organiser les moyens d’ancrage d’une industrie automobile, en Algérie, est le pari à gagner. Les enjeux sont d’autant importants que, faut-il le rappeler, l’absence en Algérie d’industries d’équipements automobiles a été le principal obstacle à l’implantation d’usines de montage de véhicules légers. Renault s’y risque et à travers ce projet, dont l'investissement serait de plusieurs dizaines de millions d'euros, le constructeur français vise à consolider sa position de leader dans le marché algérien dont il détient près de 25 %. Conquérir des parts du marché africain, à la faveur de son partenariat avec la SNVI, dont des camions et autobus sont commercialisés au Mali, Niger, Sénégal, Soudan… est aussi l’ambition affichée par Renault. Si le coût de l'investissement du constructeur français, n'est pas divulgué pour le moment, il faut rappeler que suite à l’amendement de la loi algérienne sur l’investissement étranger, et en vigueur depuis 2008, la SNVI détiendra 51% des actions dans le projet de partenariat, contre 49% pour le constructeur français Renault, qui aura également, à gérer le management.
Pas d’illusions quant à la production proche de véhicules haut de gamme de la marque ; les algériens doivent se contenter des trois voitures “ populaires” proposées par Renault, telles que la Logan, la Sandero et la Symbol. Au demeurant, des voitures déjà “courtisées et aimées” par des milliers d’Algériens.
Seddik Lardjane
Source : A.D
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